C'est du fouillis...

"L'adoration des Mages" Rogier de le Pasture. 


Rogier de le Pasture, dit en flamand Rogier van der Weyden, est un peintre appartenant au mouvement des primitifs flamands, né en 1399 ou 1400 à Tournai et mort le 18 juin 1464 à Bruxelles.
Vers 1450-1455 il compose le Triptyque de l'adoration des mages ou Retable de Sainte-Colombe (v. 1450–55). Huile sur bois, 138 × 153 cm (centre), 138 × 70 cm (chaque aile),
Ce triptyque est dénommé Retable de Sainte-Colombe car il était destiné à l’église Sainte-Colombe de Cologne. Il est actuellement conservé à Munich. Il représente trois épisodes de la vie de la Vierge et de l’enfance du Christ. Volet gauche : l’Annonciation (l’archange Gabriel annonce à Marie la venue du Christ). Panneau central : l’Adoration des Mages (trois mages offrent à Jésus l’or, l’encens et la myrrhe). Volet droit : la présentation au temple de Jésus (équivalent juif du baptême). Le décor (mobilier, ville, église) est celui du 15éme siècle, ce qui caractérise le réalisme flamand.

Il est difficile de savoir si Chris Marker connaissait le panneau central de ce triptyque avant d'écrire le texte de La Jetée et il est encore plus difficile de savoir si Rogier de le Pasture avait vu "La Jetée" avant de composer ce triptyque.

Plus facile d'essayer de rassembler les deux œuvres à travers une phrase : 


"Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance.


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Concours de MECCANO Magazine (1935).

Le premier numéro de "MECCANO Magazine" parait en octobre 1916.

"Il ajoute un attrait de plus aux attraits multiples de Meccano"

Dans le numéro d'août 1935 un concours de silhouettes est proposé à ses lecteurs et lectrices.

Il leur faut reconnaître les 15 marques de fabrique et dessins publicitaires sous forme de silhouettes numérotées. En cas d'ex æquo les concurrents seront départagés par l'exécution du dessin d'un éléphant.

L'un des 12 lauréats du Prix d'encouragement s'appelle C. Bouche-Villeneuve.

Félicitations à lui et à l'ensemble des concurrents...



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Georges Perec - Chris Marker

Le 14 novembre 1963 Georges Perec écrit à propos du Joli Mai :

"Intéressant mais souvent raté - difficile pour un intellectuel de filmer des "pauvres" sans se moquer d’eux ou de filmer des "intellectuels" sans les admirer d’une façon con. Pose mal et ne résout pas les problèmes de l’urbanisme de la modernité. Goût pour certaines facilités émotions faciles pas beaucoup de réflexion."


Le 12 février 2003, Thomas Baumgartner compose une création sonore pour Arte Radio, elle rassemble harmonieusement une partie des textes de « La Jetée » et de « Je me souviens ».
Dans « Souvenir de la Jetée » Perec et Marker sont réunis à travers les voix de Fadi Henouda et de Jean Négroni rassemblées par Thomas Baumgartner. Merci à eux trois...

En juin 2021, à propos de cette association Thomas Baumgartner écrit :

"J'avais 25 ans quand j'ai imaginé ces Souvenirs de la Jetée. D'abord l'idée de rencontrer Jean Negroni. Je ne sais plus pourquoi, mais je m'étais noté ça. Pour La Jetée, sans doute, déjà. J'avais appelé tous les Negroni de l'annuaire, pour finalement le trouver à Issy-les-Moulineaux, à 400 mètres des locaux d'Arte radio. Cette création était une forme de bonus à une production dédiée à La Jetée. J'étais aussi un "perecquien". La vie, mode d'emploi faisait partie de mes fondamentaux. Et je me suis dit qu'entre La Jetée, histoire d'un vertige temporel, où la guerre est très présente, et Je me souviens, autre forme de jeu avec le temps, il y aurait sans doute des échos. C'est un jeu de montage, un contrepoint entre les deux textes. Et c'est aussi pour ça que nous avons voulu travailler avec une voix d'enfant. Pour souligner ce va et vient temporel. Avec Christophe Rault, le réalisateur, nous avons essayé d'effacer les "coutures" pour que tout se déroule dans une même continuité.
Tout ça s'est fabriqué dans une grande innocence, une grande insouciance, comme un triple salut : à Marker, à Perec, à Negroni. Avec le recul, la disponibilité de Jean Negroni a été fantastique, et le parallèle improbable semble fonctionner correctement. On n'a pas percé le mystère magnétique de La Jetée, on a simplement ajouté notre pierre aux échos intemporels de cette oeuvre essentielle.
"


Crédits : Anne de Brun­hoff pour la photo de Georges Perec et du chat Délo.. 


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Concours journal BENJAMIN (1932).

Le premier numéro du journal BENJAMIN parait le 14 novembre 1929. BENJAMIN "Le premier grand hebdomadaire français pour la jeunesse.". Dans le numéro 137 paru le 23 juin 1932 est lancé le "Grand Concours de l'Oncle Précis".

Il faut associer 7 montres à leurs propriétaires et donner le nombre d'heures, minutes et secondes que peut fonctionner une montre OMEGA pleinement remontée. Le jeune Christian Bouche-Villeneuve participe à ce concours et remporte un "Excellent canif 2 lames". Bravo à lui et aux autres candidats...

Le jeune Christian Bouche-Villeneuve est un grand lecteur du journal BENJAMIN.
Dans une lettre (non datée) adressée à "La petite souris des dents" il se fait journaliste, questionnant le petit rongeur afin d'écrire un reportage qu'il souhaiterait voir publier dans le journal "BENJAMIN".

Les questions sont posées d'une manière très professionnelle, elles sont légitimes et perspicaces.

On y devine le futur questionneur du Joli Mai.

"...Que faites-vous des dents des petits enfants ? Peut-être employez-vous l'ivoire comme nous faisons des défenses d'éléphants, peut-être retirez-vous l'émail pour vos casseroles, peut-être employez-vous le nerf dentaire comme appareil électrique, les molaires comme meules, les canines comme clous, les incisives comme haches..."


Cette lettre qu'il débute par "Ma petite souris," se termine par un grand 

"VIVE LES SOURIS !"

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Et bien entendu, un raton-laveur...

Dans "The jungle is neutral" paru en 1949 Freddie Spencer Chapman nous liste, dans une longue note en bas de page, le contenu de son sac à dos, alors qu’il vient d’être fait prisonnier par des Japonais au proche de Chemor en Malaisie.
Chris Marker, le traducteur de l'ouvrage en français, poursuit cette note en bas de page avec ceci :

"Comme il peut intéresser le lecteur (et peut-être l’auteur) de savoir ce qu’un écrivain a dans ses poches dans différentes espèces de situations, et par exemple dans celle de traducteur, voici la liste exacte de ce que j’avais dans mes poches au moment de taper ce passage : 1 mouchoir aux initiales H K (je ne connais personne qui y réponde). — 1 paquet entamé de chewing-gum Spearmint. — 1 canif volé en Allemagne, portant l’inscription Schwenningen a N. — 5 tickets d’autobus de la période bleue. — 1 stylo à billes Baignol & Farjon. — 1 photo écornée de Maria Casarès. — 1 lettre des contributions directes me réclamant de l’argent avec des menaces. — 1 lettre des Editions du Seuil me réclamant le manuscrit du colonel Chapman avec des menaces. — 64 fr. 50 en petites coupures. — 1 ordre de mission pour Berlin rédigé en russe, et conservé pour impressionner les douaniers. — 1 exemplaire dédicacé de l’Orson Welles d’André Bazin, ouvrage d’ailleurs remarquable mais surtout très propre à être mis dans une poche. — 1 pièce d’une peseta trouée, et douée de vertus protectrices. — 1 prospectus vantant les vertus de Pierre Schaeffer, musicien concret. — 1 prospectus vantant les oeuvres de Lapoujade, peintre abstrait. (ces deux éloges rédigés par eux-mêmes.) — 1 caillou de forme bizarre, que mes amis appellent mandragore, et qui ressemble à Gabriel Marcel. — Le dernier numéro de l’Humanité. — La dernière livraison de Superman. — 1 tube d’Hyposulfène, excellente médication pour le foie. — 1 médaille pieuse. — Et, bien entendu un raton-laveur. — (N. d. T.)"

Cet "Inventaire" à la Prévert (ici) est la première évocation "connue" de cet animal par Chris Marker. 33 ans plus tard, ce raton-laveur refera une courte apparition au générique de "2084".
Entre temps il aura à nouveau été évoqué dans "Le mystère Koumiko" et même filmé (en cage) dans "Animal en question" ou dans "Voyage à Moscou"...

En 1966 dans "Si j'avais quatre dromadaires" il est associé à Anatoli Dourov le célèbre clown et dresseur russe.

"Dourov était un génie qui avait découvert que les rapports entre les espèces pouvaient passer par la confiance. Une petite fille passe des heures dans la cage d'un raton laveur, elle le met en confiance et à la fin le raton lave son linge."

C'est dans Le fond de l'air est rouge que le sympathique animal apparaît le plus souvent.
Durant la première heure du film un court plan montre un couple de procyon lotor qui se chamaille dans un arbre et dans les 15 dernières minutes retour sur l'animal masqué.
Entre temps on le retrouve évoqué dans une "Lettre à quelques camarades chinois" :
"Vous avez rêvé la Chine... C'est sans doute votre fonction, d'être les ratons laveurs de la révolution, de la faire apparaître toujours immaculée, c'est à dire explicable..."

Les ratons laveurs du Fond de l'air est rouge (1977)



Incipit du "Mystère Koumiko"
(1965)

``La petite fille et le raton laveur.

"Si j'avais quatre dromadaires"
(1966)


Jacques Prévert et le Raton laveur filmés par Chris Marker 
au début du film d'André Pozner "Animal en question" (1961)

La boucle est bouclée ?


"Animal en question"
(1971)

Générique de fin de "2084"

(1984)

"Voyage à Moscou"
(1990)

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Ne clignez pas des yeux...

Générique de "La Jetée" :

La 34ème seconde du film "La Jetée" contient 24 images, comme toutes les autres.
Mais il y a une petite particularité...
Car 1 des 24 images de cette seconde est différente de ses copines.

Dans cette seconde :
- 23 images contiennent le carton : "Avec le Service de la Recherche de la R.T.F.".
- 1 image contient le carton : "Avec le Service de la Trouvaille de la R.T.F.".

C'est très drôle quand on sait qu'une trouvaille est tout sauf le fruit d'une recherche.

L'éveil d'Hélène Chatelain n'est donc pas la seule partie animée du film.


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William Phaup Lowrie – Xevious game


Après des études en chimie et un voyage en Ecosse, Masataka Taketsuru (Note 1) travaillera dans l’industrie du Whisky japonais. En 1934 il fondera sa propre distillerie sur l’île d’Hokkaïdo dans le nord de l’archipel. Le produit de cette distillerie est connu sous le nom de Nikka (Note 2), c’est un très bon whisky [qui devient excellent après le sixième verre] et qui a obtenu pas mal de récompenses lors de concours internationaux. (Note 3)


En 1965 une nouvelle mascotte fait son apparition sur les bouteilles Nikka. Il a des faux airs d’Henri VIII mais il s’agit de William Phaup Lowrie [1831-1916], producteur de whisky à qui l’on prête l’invention du Blended whisky (Note 4) et de bien d’autres améliorations dans la production de ce breuvage [sans jamais recevoir un seul Prix Nobel].

Plusieurs évolutions de cette figure orneront les bouteilles de Nikka jusqu’à aujourd’hui.

Ce whisky est servi dans le mythique bar "La Jetée" que Tomoyo Kawai tient ouvert depuis 1974.

Cinéphile et amie de Chris Marker, son "petit bar" (Note 5), situé en haut d’un escalier roide [surtout en partant] , accueille cinéastes, acteurs, amateurs de cinéma ou simples assoiffés.

Tous les clients fidèles y laissent leurs bouteilles avec pour consigne de la partager avec d’éventuels amis de passage.

En 2017 deux des bouteilles de Chris Marker étaient encore présentes, toujours accessibles…

Des bouteilles décorées par Chris Marker autour des thèmes mêlés du chat et de l’informatique.

Et le noble Lowrie se retrouve grimé en chat.

Un compucat partage l’étagère avec un chat gamer sur Xevious, jeu vidéo publié par la firme Namco en 1983. (Note 6)



Ce ne sont pas les premières bouteilles "félinisées" par Chris Marker, pour preuve cette photo prise dans les années 80, on y voit Tomoyo Kawai montrant une bouteille de Whisky Suntory. (Note 7)




Notes :

1 : Le romanesque de sa vie et de celle de sa femme, Rita Taketsuru (née Jessie Roberta Cowan) mérite de s’attarder à leur histoire. En 2014 la chaîne de télévision japonaise NHK en a tiré une série dramatique de 150 épisodes.

2 : Diminutif de Dainipponkajū (Littéralement : grande entreprise de jus de fruit japonais.)

3 : Le Taketsuru (17 ans d’âge) est élu meilleur blended malt au monde aux World Whiskies Awards en 2012, 2014 et 2015, le Taketsuru (21 ans d'âge) en 2007, 2009, 2010, 2011.

4 : Le blended whisky est un assemblage d’au moins un "whisky de malt" avec des "whiskies de grain".

5 : Situé au sein du Golden Gai, dans le quartier Shinjuku de Tokyo, il ne peut pas recevoir plus de 10 clients en même temps. Chris Marker le nomme "Le petit bar de Shinjuku." Wim Wenders y tournera une scène de son Tokyo-Ga essayant sans trop de succés de filmer Chris Marker.

6 : Un des premiers jeux d’arcade du type Shoot’em up à défilement vertical. Il a été conçu et programmé par Masanobu Endô.

7 : Photo de Chris Marker exposée en 2018 à la Cinémathèque française, "Les 7 vies d'un cinéaste" et présente dans le catalogue de l'exposition.

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Déclaration des intellectuels français pour la paix. 1951


     Le 28 juin 1951 dans "Les lettres françaises" est publié l’article :
UN PACTE DE PAIX entre les Cinq Grandes Nations ne peut être plus longtemps retardé. (Note 1)

Ce titre introduit une solennelle déclaration signée par "les INTELLECTUELS FRANÇAIS parmi lesquels LES PLUS GRANDS NOMS DE LA PENSEE FRANÇAISE."

   "Chaque jour, dans le monde, il se trouve des gens pour envisager comme possible le recours à la force pour régler les questions qui divisent les Etats vainqueurs de la guerre mondiale. Cependant, le désir de paix des peuples ne fait aucun doute, et dans un camp comme dans l’autre on n’ignore pas qu’une guerre semblable signifierait l’anéantissement de dizaines de millions d’hommes, la destruction de pays entiers.
Hommes et femmes de la culture, nous savons ce que signifie pour les sciences, les lettres, les arts, le déchaînement de la violence armée, plus que jamais incontrôlable. Nous pouvons être divisés dans nos conceptions, nos opinions, nos croyances. Mais une certitude nous unit, et c’est que la paix est indispensable au développement comme au maintien des civilisations humaines, et qu’il est possible aux gouvernements, s’ils sont respectueux de la volonté de leurs peuples, de régler entre eux, par la négociation, toutes les questions litigieuses.
Nous constatons que la paix n’est pas conclue entre les vainqueurs de la dernière guerre mondiale. Nous estimons qu’un pacte de paix, ouvert à tous, entre les cinq grandes nations détentrices de la puissance du monde
 ne peut-être plus longtemps retardé : c’est la garantie que les gouvernements de ces pays doivent à leurs peuples. Celui, quel qu’il soit, qui s’y refuserait, apparaîtrait, par là même, décidé à recourir à la guerre.
Il peut y avoir, parmi les signataires de ce texte, des hommes et des femmes dont la confiance aille aux gouvernants de l’un ou l’autre camp.
Il n’y en a pas qui considère la guerre comme un moyen normal de départager les Etats.
Il n’y en a pas qui accepte de faire dépendre l’avenir de la culture et de l’humanité du meurtre de masse, du mépris de la volonté des peuples, de l’assujettissement des nations à des volontés qui leur sont étrangères.
" (Note 2)

Déclaration signée par :

Henry d’AMFREVILLE, Marcelle AUCLAIR, André SPIRE, Marc BEIGBEDER, René JOUGLET, Maurice ROSTAND (écrivains) ; Claude AUTANT-LARA (metteur en scène) ; BAZAINE, François DESNOYERS, Edouard GOERG, Marcel GROMAIRE (peintres) ; Henri LAURENS, Marcel GIMOND, Bernard LORJOU (sculpteurs) ; Henri DUTILLEUX (compositeur) ; Jacques HADAMARD (mathématicien) ; Georges BOURGUIGNON, Benjamin WEIL-HALLE, Antoine LACASSAGNE (médecin) ; Georges LEFEBVRE (professeur) ; Charles MAUGUIN (minéralogiste) ; Gustave MONOD (pédagogue) ; André MORNET (procureur Général) ; Raymond SAVIGNAC (affichiste).


Déclaration contresignée par :

Jane BATHORI, Hélène BOSCHI, Roger DESORMIERE, Edouard HENRAD, Irène JOACHIM, Léon KARTUN, Serge NIGG, Guy TREAL, Jean WIENER. (musiciens) ; Louis ARAGON, Janine, BOUISSOUNOUSE, Robert BOUDRY, Jean GANDREY-RETY, Renaud de JOUVENEL, Paul ELUARD, Henry MALHERBE, Claude MORGAN, Léon MOUSSINAC, Claude ROY, Elsa TRIOLET, Louis de VILLEFOSSE (écrivains) ; Frédéric JOLIOT-CURIE, Jeanne LEVY, Jean ORCEL, René PALLAUD, Georges PAILLET, Jean DALSACE, Henri-Pierre KLOTZ, Robert KIEFE, Daniel FLORENTIN (scientifiques) ; Louis DAQUIN, Jean-Paul LE CHANOIS, Chris MARKER, Alain RESNAIS, Léopold SCHLOSSBERG, Maurice ANDRE, Josette BOURNET, René BROUTIN, Paul COLIN, Odette ELINA, Andrée FONTAINAS, Lucien FONTANAROSA, André FOUGERON, Madeleine GUIBERDEAU, Jean-Louis GRUFFY, Albert HUYOT,  Guy JOUSLIN, Louis-Marie JULLIEN, Pierre LAGAGE, Jean-Francis LAGLENNE, Fernand LEGER, Marie-Anne LANSIAUX, Jean LURÇAT, Jean PICART-LE DOUX, Marc SAINT-SAENS, Gérard SINGER, Boris TASLITZKY, Marthe TERNAND, Henri THERME, Robert WOGENSKY, Léon ZAMBEAUX,  Emmanuel AURISCOTE, Jacqueline BORDES, Louis BOVE, Robert COUTURIER, Bernard DAMIANO, Raymond DELAMARRE, Louis DIDERON, DESTOUESSE, Georges LEVY, Pierre AUDRA, Georges HENRY, Lucien THERY, METRICH, Jacques DUMOUEL, Francis JOURDAIN, Janette LAVERRIERE, A. AUDRA, Jo BOURNET, Pierre DURANTET, Jean FOUQUET, André HAMON, Gérard JOURDAN, Jean KAUTNITZKY, R. LAUVELIN, LAUDAULT, Janine LE CORRE, Michel LE CORRE, Maurice PICO,Edouard SCHENCK, Florence SCHMIED, Théo SCHMIED, Zette de LA SERNA, Georges JOUVE, Michelle SIOU, Willy RONIS, Jean EFFEL (artistes).




Notes : 


1 : USA, URSS, Chine, Grande-Bretagne et France.

2 : Conflits armés en 1951 : 
- La guerre d’Indochine est en cours depuis 1946.
- La guerre de Corée est en cours depuis 1950.
- Les conflits israélo-palestinien et israélo-arabe ont débuté en 1948.
- L’invasion du Tibet par la Chine est en cours.
- L’insurrection communiste Malaise est en cours depuis 1948.
- La Violencia en Colombie est en cours depuis 1948.
- Le conflit armé Birman est en cours depuis 1948.


Le bilan de ces conflits, dont certains ne sont pas terminés, s’élèvent à plus de 4.000.000 (QUATRE MILLIONS) de morts.


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Les Pigeons de Jacques DUCLOS. 1952


     Le 28 mai 1952 pour protester contre la venue en France du général Américain Matthew Ridgway, fraîchement nommé à la tête des forces alliées en Europe, le Mouvement de la Paix organise une manifestation qui dégénère rapidement en affrontements avec la police.

Deux manifestants meurent ce jour là et on compte plus de 300 blessés parmi les forces de l’ordre.

Le soir même Jacques Duclos, alors à la tête du PCF, est arrêté et inculpé pour atteinte à la sûreté de l’Etat après la découverte dans le coffre de sa voiture de deux pigeons.

Pour le ministre de l’intérieur, Charles Brune, ce sont des pigeons voyageurs [domiciliés à Moscou] et ils sont la preuve de la trahison de Duclos envers la république.

L’histoire ne dit pas si une autopsie des deux pigeons a été nécessaire pour démontrer qu’ils avaient été les victimes d'une partie de chasse et qu'ils ne sont pas morts en avalant leurs capsules de cyanure, mais la police découvrira rapidement que les pigeons étaient bien destinés à être consommés. Jacques Duclos sera libéré 1 mois plus tard et obtiendra un non-lieu.



     Le 20 juin 1952, Jean-Marie Domenach, rédacteur en chef de la revue catholique "Esprit" adresse une lettre au président de la république Vincent Auriol, pour l’équipe de cette revue et de nombreux écrivains protestant contre l’arrestation de M. Jacques Duclos.

Après avoir exprimé leur "inquiétude" et leur "protestation" contre "les mesures policières et judiciaires prises ces derniers jours", les signataires de la lettre déclarent :

"On vient d’arrêter un député, le secrétaire du Parti Communiste Français M. Jacques Duclos, en prétextant du flagrant délit 2 heures après une manifestation à laquelle il n’avait pas participé. On a, à ce propos, monté une fable grossière pour transformer en "Complot" contre la sûreté de l’Etat, une manifestation populaire qui n’avait aucun caractère de conspiration.

Enfin la police vient d’effectuer au siège de diverses organisations des perquisitions qui s’apparentent à des raids d’intimidation et de pillage.
"

La lettre poursuit :

"L’actuelle politique du gouvernement inquiète une fraction chaque jour plus considérable de l’opinion qui n’y trouve aucunement l’expression des intérêts du pays…

Une telle politique ne peut avoir pour effet que de rendre impossible en France, dans un proche avenir, le jeu normal des institutions.

C’est elle qu’il faut réviser de toute urgence…
"

Les signataires terminent leur lettre en demandant à M. Vincent Auriol de prendre les mesures nécessaires pour que notamment "les garanties légales soient accordées à chacun."



Les 31 signataires de cette lettre sont :

MM. Claude Aveline, Henri Bartoli, André Bazin, Etienne Borne, Claude Bourdet, Jean Cassou, Jean Cayrol, de M. l’abbé Pierre, M. jean-Marie Domenach, M. le pasteur Dumas, M. François Emmanuel, M. le pasteur Finet, MM. Paul Fraisse, Francis Jeanson, Pierre Kast, Jean Lacroix, Jean-William Lapierre, Paul-André Lesort, Chris MARKER, Gilles Martinet, Edgar Morin, François Nourissier, Marcel Niedergang, Léon-Pierre Quint, Paul Rivet, Paul Ricoeur, Roger Stéphane, Gabriel Venaissin, Vercors, Edmond Vermeil, Jean Wahl.


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Christian Bouche-Villeneuve, bon élève ?


C'est pas certain...


Année scolaire 1935-1936 l’élève Bouche-Villeneuve est en seconde, il y a 7 matières au programme pour lui et ses 18 camarades : Français, Latin, Mathématiques, Histoire & Géographie, Physique & Chimie, Grec et Langue étrangère (Anglais ou Allemand).
L’addition des 7 notes doit être supérieure ou égale à 70 pour que l’élève accède à la classe supérieure. Parmi les 19 élèves, seul 12 sont admis dès le mois de juillet.


Juillet 1936 Examen de passage en 1ère A :


Français :             13
Latin :                 8
Mathématiques :         4
Histoire & géographie : 9
Physique & Chimie :     8
Grec :                  7
Allemand :             


Un total de 54 points, très loin des 70 nécessaires, pas plus de 7,7/20.


L’été 1936 sera studieux pour Chris Marker.


Octobre 1936 Examen de passage en 1ère A (Rattrapage) :


Français :             11 
Latin :                 8,5
Mathématiques :         8
Histoire & géographie :
Physique & Chimie :     
Grec :                 
Allemand :              5


Le Jury a décidé que seule la meilleure note des deux sessions était prise en compte, aussi le total pour Christian Bouche-Villeneuve est : 13 + 8,5 + 8 + 9 + 8 + 7 + 5 = 58,5 points, une moyenne de 8,35 / 20, c'est bien en dessous des 70 points nécessaires, mais légèrement au dessus du seuil des 58 points que le jury a arrêté pour permettre à certains élèves d’être admis.


Le futur Chris Marker est admis en classe Première A...
... au rattrapage du rattrapage.


Première qu’il redoublera comme nous le dit Bernard Pingaud dans ses mémoires (Note 1) :


"Chris est mon plus ancien ami. Je l’ai connu, sous son vrai nom de Christian Bouche-Villeneuve (et son premier pseudonyme de Marc Dornier), quand nous étions voisins de classe au lycée Pasteur de Neuilly. Il avait deux ans de plus que moi et redoublait sa première. J’admirais ses tenues étonnantes (chapeau mou, chemise saumon, complet bleu pétrole), sa grande démarche élastique, sa voix un peu sourde. Après les cours, j’allais souvent chez lui, dans l’appartement de la très bourgeoise rue Angélique-Vérien où, fils unique, il vivait avec ses parents. J’étais un élève docile et timoré que Mme Bouche-Villeneuve donnait volontiers en exemple à son fils. Elle reprochait, non sans raison, à Chris son insouciance à l’égard des études. Moi, c’était pourtant cela qui m’attirait chez lui : son désordre affiché, sa chambre tapissée de photos, encombrée de livres et d’objets inattendus, ses talents multiples (piano, dessin, poésie), ses emballements pour des auteurs ou des artistes dont je ne connaissais même pas le nom."


Côté discipline, rien de bien méchant : quelques heures de retenue et du travail à la maison…
Il est à noter que l’élève Bouche-Villeneuve aura de bien meilleurs résultats lors de sa seconde Première, puisqu'il obtiendra un 1er Prix de Français et un 5ème accessit en version latine (Note 2)


 Bulletin de juillet 1936


Bulletin d'octobre 1936 (Rattrapage)


Cahier de colle (1936)
Cahier de distribution des Prix.
Année scolaire 1937-1938.


Note 1 : "Une tâche sans fin  (1940-2008)" paru aux Editions du Seuil en 2009.

Note 2 : Photos issues des Archives départementales des Hauts-de-Seine.



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Baccalauréat


En 1938 les épreuves écrites du Baccalauréat se déroulèrent les 23 et 24 juin.
Le 3 juillet 1938 le Journal "L'information Universitaire" publie la liste des candidats admissibles aux épreuves orales.
Cette liste mentionne un certain Christian Bouche-Villeneuve.


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Doryphores


Leptinotarsa Decemlineata de son petit nom latin. Petit coléoptère qui ravage les champs de pommes de terre d'Europe depuis son arrivée d'Amérique du Nord au début des années 1920. Il ne porte pas de lance mais il doit son nom à ses élytres jaunes rayées de noir tout comme les tenues des porte-lances de l'armée des perses. C'est aussi le surnom donné aux soldats allemands durant l'occupation.

Avant l'utilisation massive du DDT dans les années 50, la manière la plus efficace pour lutter contre ce fléau était la cueillette. En 1943 les écoliers français devaient partir dans les champs de patates pour le ramassage des doryphores. 

Le 15 juillet 1944, un fonctionnaire de police du canton de Vaud a instruit l'affaire concernant Christian Bouche-Villeneuve, poursuivi pour 3 passages illégaux de la frontière Suisse. Il décrit le prévenu en ces termes :

"Au Camp de Cossonay, BOUCHE Christian a laissé une très mauvaise impression. Il s'est signalé comme extrémiste de gauche; une fois, il a entonné "l'internationale", au travail, mais il n'a pas été suivi. Un jour, il avait été chargé d'aller à la recherche de doryphore. Le soir, il est revenu avec des insectes qu'il a présentés. Les jours suivants, il a été désigné à nouveau pour la recherche du doryphore et, chaque soir, il a présenté des insectes. Plus tard, il a été établi qu'il avait conservé par devers lui les insectes trouvés le premier jour, insectes qu'il avait nourris pour éviter qu'ils ne meurent."


Plus loin il écrit du prévenu qu'il est "journaliste et écrivain" qu'il serait "futuriste ou quelque chose d'approchant" et que "ses œuvres ne seraient pas à la portée de tout le monde."



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