La musique selon Chris Marker...
que tu connais à peine
la rue du chat qui pêche
la rue des cinq diamants
la rue de la colombe
l'impasse de la baleine
la rue de la main d'or
la cité des flamands
passage des désirs
l'impasse des deux anges
passage des deux soeurs
rue de l'épée de bois
rue Jeanne d'Arc prolongée
passage de la boule blanche
que tu ne connais pas
et ces rues à leur tour
mènent à d'autres rues
des rues qui vont et viennent
jusqu'à des avenues
des places, des boulevards
ainsi font nos amours
qui nous mènent de l'aube
à la tombée du jour
rue du premier regard
rue des lèvres qui tremblent
chemin du coeur qui bat
et des corps aimantés
rue du 6éme étage
et de la claire chambre
boulevard du silence
et des mots inventés
rue du mal qu'on se fait
chemin du temps qui passe
avenue des serments
que l'on n'a pas tenu
place des effrénés
que veux-tu que j'y fasse
que tu ne prendras plus
cité du jour levé
passage des belles filles
rue du dernier adieu
rue des photos rendus
La ville est pleine de rues
et tu n'as qu'une vie
pour arriver à temps
place du temps perdu
La ville est pleine de rues
que tu ne prendras plus.
La Martienne
Le 30 mai 1960 lors de l'émission "Toute la Chanson" sur la Radiodiffusion-Télévision-Française (RTF). Chantal Laurentie chante "La Martienne".
Le site IMDb (ici) donne des précisions sur cette émission. La Martienne est créditée à Alfred Abondance pour la musique et à un certain Chris Macaire pour les paroles.
Il est peu probable que Macaire soit un nouveau pseudonyme, une mauvaise transcription Oral-Ecrit est certainement à l'origine de ce Macaire.
Le 10 août 1960 lors de l'émission "Lectures pour tous" Nicole Vedrès en compagnie de Pierre Desgraupes accorde "sa croix d'honneur" à des auteurs dont elle considère qu'ils ont bien passé l'épreuve.
Chris Marker, écrivain, cinéaste pour l'écriture d'une chanson : La Martienne en fait partie.
Retranscription des paroles de la chanson chantée lors de l'émission. A noter qu'une autre version serait visible dans les Archives Marker de la Cinémathèque Française.
La vidéo de Chantal Laurentie chantant "La Martienne" a été importée de la chaîne Youtube de Par Si, par La. que nous tenons à remercier.
Je suis l’étrangère
Je ne suis pas d’ici
Mes yeux rétrécis
Font qu’on me repère.
On me montre du doigt
On me jette des sorts
On dit que je sors
D’un drôle d’endroit
Mais les poupées à l’oeil en bonde
Qui dans toutes les bonnes maisons
Disent qu’on n’est pas du même monde
Ne savent pas comme elles ont raison
Je suis la Martienne du coin de la rue
je viens d’un monde disparu
Sous mes yeux dorés
Je suis la fileuse
La soucoupe voleuse
Des coeurs émigrés
Je suis la Martienne
Des bords de la Seine
J’attends sous les ponts de Paris
Les gars de la terre
Que je désespère
Et qui pour me plaire s’font harakiri.
Je suis la mauvaise, je n’ai pas d’amour.
Il me faut par jour 12 cœurs… ou 13.
Je hais les dimanches et les vendredis
J’ai l'œil refroidi et le cœur étanche.
J’ai la quenotte intelligente
Je me moque du genre humain
Le genre humain, c’est pas mon genre
J’ai la prunelle en parchemin.
Je suis la Martienne, la fille perdue.
L’eau trouble, le fruit défendu.
Chacun peut avoir sa fille de l’espace
Son enjeu qui passe et sa dame en noir
Je suis la Martienne, le sphinx et la chienne
La sirène aux crins de cheval
La chatte qui chante
La fourmi méchante
La souris géante
La femme idéale.
_________________
Contient les titres suivants :
- Rock surprise party
- Arrivée des pionniers
- Tango des jumeaux
- Les Délinquants
For such a mornin’ and lissin’ for his horn
The Boat She’ asteamin’ and comin’ t’ward de Land
De Captain’s alandin’ widda big brassy band
He’s King of de Zulus He’s gonna take me in band
Dis ain’t no day for cryin’ You can’t be in a rut
Ask de King to give you some
- Golden Cocoanuts
(Version établie avec le concours de June Richmond)
It’s Mardi - Gras in New Orleans
Folks are jumpin’ like jumpin’ beans
Chicks are sportin’ hats Western style
It’s a great day for every Lawd’s chile
Looka dat guy widda brand new flag
Dreamin’ he’s a sojer as he starts to brag
He stole a treasure as a buccanneer
And now he’s wilder than a rodeo steer
Looka dis boy with his handkerchief
The man with the camera asks him to sing
He said: Mister, take my pitcher with dat thing!
Now he’s a gal an’ a cute one at that
He’s real frail not very fat
But he’s flittin’ like de king of bees
Jus’ like dat man on de flyin’ trapeze
Sound de trumpet Play de drums
Ans dis sleepy boy bigins to hum
Bigins to dream in de strangest way
Dat he’s negro boy on a Carnival day
Now some fellers wid small red caps
Jus’ freshly drawn by Mister Al Capp
An’ the zebra’d empress from Zanzibar
Where will dis end?
- Behin these bars...
Par ailleurs, notons qu'une autre chanson interprétée par Louis Ferrari à l'accordéon et son ensemble, et intitulée Dans ma prairie (Air des pionniers, version slow) est sortie sur un EP 4 titres, paru en 1960, chez Fontana (n° 460.085 TE, face 1).
1969 - 68/69 de Colette Magny
33 T - Taï-Ki - TK 01
Sur la face A apparaît "Nous sommes le pouvoir (1ère partie)", essai sur mai/juin 1968 : documents sonores William Klein et Chris Marker.
On ignore s'il y a eu une seconde partie.
Bandes originales de films
Certains films réalisés par Chris Marker ou auxquels il a collaboré comportent une musique écrite par de grands compositeurs tels Michel Legrand, Georges Delerue, Maurice Jarre ou encore Trevor Duncan.
Ces bandes originales (BO) ont très rarement fait l'objet, à l'époque, d'une édition discographique, sous forme de LP ou de EP. Cependant, les quelques BO existantes, à l'exception de la BO du Joli mai, sont faciles à trouver dans le commerce en ligne. Par ailleurs, toutes sont conservées à la BNF.
Nous les présentons ici dans l'ordre chronologique de leur parution, sans différenciation entre les films réalisés par Chris Marker et les autres.
Bibliographie :
- M. BARNIER, "Chris Marker : le son, une bande à part", in A. Habib / V. Paci (éd.), Chris Marker et l'imprimerie du regard, Paris : L'Harmattan, 2008, p. n/a
- (GB) Orlene Denice MC MAHON, "Reinventing the documentary : the early film soundtracks of Chris Marker", in Holly Rogers (ed.), Music and sound in documentary film, New York : Routledge, 2015, p. n/a
- (PT) Luíza Beatriz Amorim Melo ALVIM, A música clássica preexistente no cinema de diretores da Nouvelle Vague - anos 50 e 60 (tese de doutorado), Rio de Janeiro : Universidade federal do Estado do Rio de Janeiro (UNIRIO), 2017, 272 p. : concerne en particulier Olympia 52 et Lettre de Sibérie (web)
- Lambert DOUSSON, "La musique, le bruit des images au travail", in Ramond BELLOUR / Jean-Michel FRODON / Christine Van Assche (dir.), Chris Marker (cat. expo. Chris Marker, les 7 vies d'un cinéaste, Cinémathèque française, 03/05-29/07/2018), Paris : La Cinémathèque française, 05/2018, p. 350-354
- (PT) Luíza Beatriz Armorim Melo ALVIM, "Voz over e colagens musicais em documentários ensaísticos de Chris Marker e Agnès Varda da época da Nouvelle Vague", Doc On-line, n° 24 (09/2018), p. 60-79 (web)
1953 - Les Statues meurent aussi de Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet
Musique de Guy Bernard. Orchestre sous la direction de André Hodeir.
2016 - LP - Doxy Music / Cinematic DOC.130
- Contient la bande son du film répartie sur les deux faces
Contient les titres suivants :
- La Mort du harponneur / 4'01
- Chamarita / 2'38
- Je vis un jour une baleine... / 2'42
- Chant d'adieu / 3'27
1956 - Dimanche à Pékin de Chris Marker
Musique de Pierre Barbaud. Orchestre dirigé par Michel Delerue.
Cet album, conçu par Alain Garel en complément du dossier L'Age d'or du court métrage, publié dans Bref n° 20, a été réalisé par Alain Garel, Jacques Kermabon et François Odé, avec la collaboration de Jean-Pierre Bouquet (ingénieur du son).
CD 01956421 - durée totale: 77'38
Contient les titres suivants :
- L'Opéra bouffe d'Agnès Varda (1958)
- Les Dents du singe de René Laloux (1960)
- La Joconde d'Henri Gruel (1957)
- Dimanche à Pékin de Chris Marker (1956) - 16'11
- Le Bel indifférent de Jacques Demy (1957)
- Un jardin public de Paul Paviot (1955)
- Diamètres de Philippe Condroyer (1961)
1957 - Django Reinhardt de Paul Paviot
Il s'agit d'un EP sorti en 1963 et comprenant 4 thèmes originaux issus du court-métrage réalisé par Pierre Paviot en 1957 et dont le commentaire est de Chris Marker.
Le Quintette du Hot Club de France était composé d'artistes tels que Stéphane Grappelli (violon), Hubert Rostaing (clarinette), Alix Combelle (clarinette et saxophone ténor), Pierre Ferret, Eugène Vees, Django et Joseph Reinhardt (guitare), Tony Rovira et Louis Vola (contrebasse) et Pierre Fouad (batterie).
1963 - 45 tours (EP 4 titres) - Label "La Voix de son maître" - Les Industries musicales et électriques Pathé Marconi - Paris - EGF 650
Contient les titres suivants :
- Nuage (enregistré le 13 décembre 1940 par le Quintette du Hot Club de France)
- Echoes of Spain (enregistré le 30 juin 1939)
- Sweet Chorus (enregistré le 15 octobre 1936 par le Quintette du Hot Club de France)
- Minor Swing (enregistré le 25 novembre 1937 par le Quintette du Hot Club de France)
1962 - La Jetée de Chris Marker
Bande son éditée par Superior Viaduct (California / US)
2016 - LP - SV100 - 29'
- Side A: version française
- Side B: version anglaise
A l'origne, le morceau principal chanté par les Choeurs de la Cathédrale orthodoxe russe de Paris, sous la direction de Piotr V. Spassky, est l'oeuvre de Piotr Grigorievitch Goncharov (1888-1970). Il est intitulé "Kpecmy TBoemy" (Krestu Tvoyemu - Nous nous prosternons devant ta Croix), soit :
- (FR) "Tropaire en l'honneur de la Sainte Croix"
- (GB) "Troparion to the Holy Cross"
- (DE) "Tropus zur ehre des Helligen Kreuzes"
L'interprétation retenue par Chris Marker, pour La Jetée, sous la direction de Spassky, a été éditée par Philips, puis Fontana, sous le titre Musique liturgique russe. On le retrouve aussi bien sous format vinyl que sous format CD, dans des éditions françaises ou étrangères, et aujourd'hui même en streaming.
Dans son article "Montage, Militancy, Metaphysics: Chris Marker and André Bazin", paru dans un numéro spécial de Image & Narrative (vol. 11, n° 1, 2010), Sarah Cooper cite un extrait du chant (p. 24):
Before Thy Cross we bow down in veneration,
O our Master, and Thy holy Resurrection we glorify
qui prend dès lors tout son sens en rapport avec l'histoire et les images de La Jetée.
Pour ce qui est des morceaux de Trevor Duncan, l'histoire est un peu plus compliquée. D'après différentes sources, on a 5 morceaux, dont 3 sont connus et réédités :
- The Girl (prologue)
- The Girl (love theme)
- The Vastness of space
Sous toutes réserves, ces morceaux seraient issus, ou du moins inspirés, des séries de la BBC, The Quatermass :
- The Quatermass Experiment (1953)
- Quatermass II (1955)
- Quatermass and the Pit (1958-1959)
Ces trois séries ont été rééditées en dvd, en 2005.
Et les deux morceaux intitulés The Girl, cités ci-dessus, ont été réutilisés par Christopher Slaski, pour le film des frères Stephen et Timothy Quay, The Piano Tuner of Earthquakes (L'Accordeur de tremblements de terre - 2005).
Bibliographie :
- (GB) Rebecca A. SHEEHAN, "The disembodied wound of The piano tuner of earthquakes: the Quay Brothers' "Homage to Chris Marke" ", Discourse: journal for theoretical studies in media and culture, vol. 34, n° 2-3 (spring-fall/2012), p. 209-229 (web)
- (GB) Arturo SILVA, "Time and the image: The piano turner of earthquakes", Bright lights : film journal (New York), n° n/a (28/01/2016), en ligne (web)
The Girl - prologue
(piste 32 - 3:40)
The Girl - theme
(piste 34 - 3:33)
(GB) 3CDs Cavendich
CAVCD223 (2007)
The Girl - prologue
(piste 20 - 3:43)
The Girl - theme
(piste 21 - 3:36)
(SE) MovieScore Media
MMS-07005 (2007)
Krestu Tvoyemu (piste 1)
The Girl - prologue (piste 2)
The Girl - theme (piste 3)
The Vastness of Space (piste 4)
(GB) Cherry Red Label / El Records
ACMEM.263CD (2014)
Contient les titres suivants :
- Joli mai interprété par Yves Montand
- Image de Paris musique dirigée par Michel Legrand
- Visages musique dirigée par Michel Legrand
- Joli mai - thème
Cliquez sur les titres pour l'écoute !
Et aussi le générique de fin !
En août 2018, le label genevois WRWTFWW Records a décidé de mettre sur le marché un LP et un double LP vynil, ainsi qu'un CD, de la bande originale du film de Pierre Kast, La Brûlure de 1000 soleils, écrite par Bernard Parmegiani.
Le LP a été tiré à 100 exemplaires, le double LP comprenant également une autre bande originale de Parmegiani pour un autre film de Pierre Kast, Les soleils de l'île de Pâques (1972) a été tiré à 1000 exemplaires et le CD comprenant les mêmes pistes à 500 exemplaires.
On peut les trouver sur le site officiel de WRWTFWW Records, ici.
Contient entre autre Nous sommes le pouvoir, essai sur mai/juin 1968, documents sonores de William Klein et Chris Marker, extraits (en partie?) du Joli mai, et 7 autres titres de Colette Magny.
Pour écouter, cliquez ici !
Contient les titres suivants :
- L'Aveu (générique)
- Thème de Gérard
- Thème de Lise
- 21 août 1968
Contient les titres suivants :
- Nada mas interprété par Arielle Dombasle
- Les Pyramides bleues - instrumental
Cliquez sur les titres pour l'écoute !
La musique de Michel Krasna
Dès son enfance, Chris Marker est passionné par la musique, que ce soit la musique classique ou le jazz américain, en passant par la chanson française du fou chantant Charles Trenet ou de la french touch manouche d'un Django Reinhardt, créateur du jazz de chambre. Cet amour de la musique, on le retrouve à travers ses premiers écrits (en particulier dans quelques articles de la revue Esprit ou dans Regards neufs sur la chanson (1954)), tout autant que dans ses derniers, en particulier dans "La question: Autour de la musique gravitent des images, quelle est celle qui vous a le plus marquée ?", témoignage paru dans le n° 5 du magazine web Les Allumés du jazz (2001, p. 18)
Mais ce que l'on connaît peut-être moins, car partie discrète quoique intégrante des films, c'est que Chris Marker, pianiste confirmé, était aussi créateur de musique de film, des siens, bien évidemment, mais aussi de ceux des autres. Il n'apparaît pas alors sous le nom de Chris Marker, mais habitué au jeu des alias, il est crédité dans un premier temps sous le pseudonyme de Michel Krasna, frère du célèbre Sandor. Pour d'autres films, il n'est simplement pas crédité au générique, quand bien même il soit l'auteur de la bande son, tel que pour les films collectifs ou ceux de quelques amis, tel Patricio Guzman et sa Première année.
Une consultation rapide des génériques des films de Chris Marker dévoile le nom de Michel Krasna sous la rubrique "musique" (Sans soleil (1982), Junkopia (1984)), "bande électro-accoustique" (L'Héritage de la chouette (1989)), "musique additionnelle" (Le Tombeau d'Alexandre (1993)), "bande sonore et claviers" (Level 5 (1996)) ou encore "tissu sonore" (Le Souvenir d'un avenir (2001)), Chats perchés (2004)).
Dans Le Coeur a rendu l'âme (1994) de Jean-François Dars et Anne Papillault, il est doublement mentionné au générique de fin : sous le pseudo Michel Krasna dans la rubrique "conseiller musical" et sous le nom de Chris Marker dans celles des "remerciements" (voir deux images ci-dessous).
Quelques pistes bibliographiques
- Holly ROGERS (ed.), Music and Sound in Documentary Film, New York / Abingdon (Oxon) : Routledge, 2015.
- Thomas F. Cohen: "Reinventing the documentary : the early essay film soundtracks of Chris Marker"
- Part II, The Left Bank Group: Musicalising moving photographs: the early film music of Agnès Varda ; Musical 'Madeleines' in the early cinematic essays of Chris Marker ; Alain Resnais : 'Auteur Mélomane
- The Brothers Quay set their 2005 film, The Piano Tuner of Earthquakes, to a memorable theme song, the very same one that accompanies the still images of a man’s memory of love and loss in Chris Marker’s La Jetée (1962). The song evokes that boy on the pier at Orly before World War III, his confinement by the victors and his memories, frozen in time, of encounters with a woman, the image of whose face has marked him. The Quays tell us in the interview that accompanies the DVD of The Piano Tuner of Earthquakes—hereafter [End Page 209] referred to as The Piano Tuner — that the last thing they wanted was a “love theme” for the film, but that it was their “homage to Chris Marker.”1 They go on to explain that the song was originally written for a ballet titled The Unwanted, which was fitting because when they located the original recording in the Boosey and Hawkes music library it was in such poor shape that it had to be restored for use in their film. This musical choice suggests more intrinsic and, so far, critically overlooked sympathies between the work of Marker and the Brothers Quay. Looking at the Quays’ film in the context of Marker’s oeuvre clarifies how the uncanny intersections of the animate and inanimate and, by extension, life and death, function in their work. The spirit of Marker haunts their cinema, and attention to Marker’s traces in this film illuminates the manner in which their stop-motion animation techniques and the cinematic apparatus it intimates produce a commentary on history and time. The epigraph from Sallust that opens The Piano Tuner — “These things never happen but are always” — reveals a set of connections between Marker and the Quays regarding the haunting effects of temporal conflicts between past and present, history and memory, event and duration. Sallust’s words illuminate the philosophical dimension of the Quays’ process of stop-motion animation as well as the desires that consume the characters in their film. Working with theorizations of Marker’s notion of “a wound disembodied” introduced in his 1983 film Sans Soleil, this essay explores how the body distinctly figured in The Piano Tuner marks the intersection of Sallust’s paradoxical claims, at once subject to historical events that happen, or never happen while also resisting the singularity of these events with a psychic locus that posits alternative possibilities through the memory of and desire for those things that never happen.
Through the technique of stop-motion animation a succession of still images are edited together to create an illusion of live-action motion, bringing puppets to life and permitting inanimate objects to move seemingly on their own. Just as this process allows the still image to animate or reanimate detritus in the Quays’ films, the series of still images in La Jetée promises to bring back to life beings that do not move in their present reality, such as the taxidermied animals and statues depicted in Marker’s film. The qualitative difference between the living and dead collapses in the still images of taxidermied animals caught midsnarl or in midflight in La Jetée. Such images potentially contest the photograph’s arresting effect by underscoring its paradoxical animation: the stuffed animals appear to have been alive when the photograph was taken. In The Piano Tuner the uncanny effects of the animation-deanimation [End Page 210] dyad spread to the conflicts between self and other, interior and exterior, within its narrative’s characters. The melancholia of the abducted opera singer Malvina van Stille and the fetishism of her abductor Dr. Droz appear driven by wounds disembodied, by memories and desires that persist and haunt despite their embodied absences. The out-of-joint temporal qualities...
Le musicien Hayao Yamaneko
Un autre pseudonyme de Chris Marker attaché à la musique est celui d'Hayao Yamaneko, bien qu'il apparaisse pour la première fois dans l'oeuvre de Chris Marker, en 1982, à travers le film Sans soleil, mais crédité au générique sous la rubrique "effets spéciaux". Le commentaire du deuxième acte, commence ainsi : "Mon ami Hayao Yamaneko a trouvé une solution : si les images du présent ne changent pas, changer les images du passé... Il m'a montré les bagarres des Sixties traitées par son synthétiseur. Des images moins menteuses, dit-il avec la conviction des fanatiques, que celles que tu vois à la télévision. Au moins elles se donnent pour ce qu'elles sont, des images, pas la forme transportable et compacte d'une réalité déjà inaccessible.
Hayao appelle le monde de sa machine : la Zone - en hommage à Tarkovski."
Et le film s'achève sur ces mots :
"Enfin, je descendais dans la cave où mon copain le maniaque s'active devant ses graffiti électroniques. Au fond, son langage me touche parce qu'il s'adresse à cette part de nous qui s'obstine à dessiner des profils sur les murs des prisons. Une craie à suivre les contours de ce qui n'est pas, ou plus, ou pas encore. Une écriture dont chacun se servira pour composer sa propre liste des choses qui font battre le coeur, pour l'offrir, ou pour l'effacer. A ce moment-là, la poésie sera faite par tous, et il y aura des émeus dans la Zone".
Or, pour rappel, "Sixties" est le titre des suppléments du double dvd Le Fond de l'air est rouge, à savoir A bientôt j'espère..., Puisqu'on vous dit que c'est possible, La Sixième face du Pentagone, L'Ambassade et 2084, film dans lequel Hayao Yamaneko est de nouveau crédité au générique pour les "effets spéciaux".
La référence à Tarkovski n'est pas anodine, que l'on songe aux futures zones de Zapping Zone (1990-1994) et à Une journée d'Andrei Arsenevitch (1999).
Par ailleurs, le matériel décrit au générique (synthétiseur d'images : EMS Spectre, synthétiseur de son: EMS/VCS3, Moog Source etc.) est le même utilisé par Marker dans d'autres films ou dans ses projets informatiques, en particulier les X-plugs que l'on retrouvent dans Immemory ou dans L'Ouvroir sur Seconde Life.
Enfin, on peut également préciser qu'en japonais, "yamaneko" veut dire littéralement "chat de montagne" et désigne effectivement un type de félin qu'on ne trouve qu'au Japon.
Un programme de 1983 du Berkeley Art Museum & Pacific Film Archive, dans le cadre du San Francisco International Film Festival & Filmex '83, dans sa description de Sans soleil, propose quelques lignes sur Yamaneko, laissant au lecteur une interrogation supplémentaire.
"Video-artist Hayao Yamaneko worked in television in Tokyo, and acquired the status of Artist in Residence at the Pacific Film Archive, Berkeley, after making the video tape, Who Decided Our Death?"
Ce qui bien sûr est un joke de Marker lui-même, comme le montre le reste du texte.
Mais la majeur partie des éléments à disposition, et comme nous l'a confirmé catégoriquement Catherine Cadou, "l'indispensable" de Level Five, amène à conclure que Chris Marker et Hayao Yamaneko ne font qu'un et qu'il s'agit en fait d'un nouveau pseudonyme, au même titre que les frères Sandor et Michel Krasna, également crédités au générique de Sans soleil.
Cette conclusion a été confirmée et définitivement validée par Marker lui-même dans une lettre à des admirateurs, dont Emiko Omori, que l'on peut retrouver sur son site chrismarkermovie.com.
Mais alors, dans ce cas, le web offre des découvertes intéressantes. En effet, sur Youtube, Twitter, comme sur plusieurs autres sites musicaux ou vidéos, on trouve une production sonore et visuelle d'un certain Hayao Yamaneko. Selon toute vraisemblance, il ne s'agirait pas de Chris Marker, car sur Youtube un document a été posté le 18 septembre 2012 et sur Twitter, le 3 janvier 2013, soit après le décès de Marker. Mais qui sait, peut-être qu'une main habile amie poursuit l'aventure, car le clip de Fountain Memorial [Akina Nakamori - Teenage Blue] est tout à fait dans l'esprit de ce que Marker aurait pu faire. Tout comme l'album Shattered Holograms, qui semble être la plus importante de ces créations. La radio online Last.fm, quant à elle, propose pas moins de 26 titres pour cet artiste.
Les Inspirés
L'Œuvre cinématographique de Chris Marker n'a pas inspiré uniquement des gens du cinéma. Les créations de Chris Marker ont été des bases de création pour pas mal de musiciens.
Voici quelques-uns des "Inspirés", ils vous sont présentés sans aucun ordre chronologique.
Le site discog.com est la principale source de ce chapitre.
David Bowie.
"Jump they say"
Dans l'album "Black tie, White noise".
1993, Savage Records.
L’ensemble de l'Œuvre de Chris Marker a forcément inspiré David Bowie dans son travail. La réalisation la plus palpable est le clip officiel de la chanson "Jump they say" dans l’album "Black tie, white noise". Dans ce clip réalisé par Mark Romanek, le génie mydriasé interprète un homme d'affaires aliéné parmi ses collègues, qui mènent des expériences sur lui et le poussent au suicide. Sans aucune ambiguïté, certaines scènes font référence à La Jetée.
Les paroles de Bowie s'inspirent de l'histoire de son demi-frère Terry, qui s'est suicidé en 1985 après avoir passé quinze ans dans diverses institutions spécialisées.
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Quelques extraits de cette musique expérimentale ici.
Raffaele Serra
"La Jetée, en film de Chris Marker".
2018, Beata Beatrix
1- La Jetée (Part 1)
2- La Jetée (Part 2)
Ces deux morceaux sont libres d'écoute sur sa chaîne Youtube (ici)
Visible également sur sa chaîne, une des versions dessinées de "La Jetée" (ici)
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Various Artists
"SUL, Dedicated to Chris Marker".
2002, Sirr.
L'album contient les morceaux suivants :
1- Atau Tanaka – Rail
2- Eric La Casa – L'air Au Fond Du Rouge
3- M. Behrens – Khabul Rubble
4- Vitriol – Sulipsism
5- Pimmon – Shadow, Shade
6- I.D. (2) – A!,+{88}
7- Oren Ambarchi – Soleil
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Shitao.
Mono
Cassette & Album numérique. 2021 ici
La 9ème piste de la K7 "Mono" by Shitao s'appelle "Their statues" et débute avec la voix de Jean Negroni : "Quand les Hommes meurent, ils entrent dans l'histoire ; quand les statues meurent elles..."
La description de cette cassette est accompagnée de ce joli texte :
"A few years ago...
A man makes an emergency landing on the planet Mono. When he wakes up, his spacecraft's controls no longer work. Strangely, all the windows broke out. The small square mirror that he had been using for months to shave is also broken. The rest of the ship seems perfectly intact. He puts in a suitcase everything he needs and goes to discover the planet.
Mono is a strange colorful planet. After he lands, it looks like he wasn’t the first to get to it."
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THE PROJECT :
The composer Laurent Saïet, intrigued by the work of Chris Marker on memory and time, decided to look for a musical equivalent and suggested to videographers Sylvain Bélot, Gilbert Carsoux and Pascal Frament that they each work from his music on an experimental film inspired mainly by Marker’s best-known work: La jetée (1962).
Music composed, produced & recorded in Paris (France) by Laurent Saïet, 2006-2008. Mix and additional electronic parts: Patrick Müller, February 2009.
Cover design: Thierry Müller.
Indochine
"Le fond de l'air est rouge"
Dans l'album "Black city tour".
2013, Sony music.
2013, peu de temps après la mort de Chris Marker, alors que la recherche de ses ayants droit n’est pas aboutie, en pleine brume quant à sa succession, le groupe Indochine sort l’album "Black city tour" qui contient la chanson "Le fond de l’air est rouge".
Il est bon de se rappeler qu’en 1977 Chris Marker avait chargé l'un de ses collaborateurs de demander au dessinateur Fred, auteur de la Bande dessinée "Le fond de l’air est frais", l’autorisation de reprendre une partie de son titre.
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Franck Kartell
"La jetée d’Orly"
2015, Bass Agenda Recordings.
L'album contient les morceaux suivants :
A1- Marqué Par Une Image D'enfance
A2- La Jetée D'orly
A3- Expériences Temporelles
A4- Le Souvenir D’un Visage
B1- Rencontre Sur la Jetée
B2- Le Cinquantième Jour
B3- Derrière Les Portes Du Futur
B4- L’évadé Du Temps
Une explication possible :
"Besides the fact the album pays homage to Chris Marker's eponymous B&W dystopian film released in 1962, and captures the essence of its short story dealing with a post-nuclear war experiment in time travel, this L.P. marks a turning point on Franck's career and sounds a bit different from his debut album "Afterlife" published last year, on the same label."
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A3 Collision
B1 Coïncidences
B2 Les Intuitions Du Destin
B3 L'illusion Du Hasard
C1 Eternité
C2 Destin Ou Fatalité
C3 Providence
D1 Pressentiment
D2 Conscience Universelle
D3 Le Règne Du Chaos
BRUNO LETORT / MIKE LADD / DANIEL CIAMPOLINI
IMMEMORIES (Tribute to Chris Marker)
Album digital 2020.
Mike Ladd : Voice
Daniel Ciampolini : Percussions
Bruno Letort : Electronics, guitar
En écoute et en vente ici :
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Jo-Moritz Krah
Im wunderschönen Monat Mai
Berlin. 2021. Composition et illustration de Jo-Moritz Krah, produit par Chunking Books. Cassette, 30 min.
"Im wunderschönen Monat Mai" [Durant le joli mois de mai] est un collage sonore inspiré des œuvres de Chris Marker. La composition de 30 minutes de l'artiste berlinois Jo-Moritz Krah combine à la fois du matériel auto-enregistré et échantillonné, explorant la vision de Marker de la mémoire et la perception du passé.
En écoute et en vente sur le site chunkingbooks.com ici :
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