Zapping Zone
Proposals for an Imaginary Television (1990-1994)

Créée pour l'exposition Passages de l'image  tenue du 19 septembre 1990 au 13 janvier 1991 au Centre Georges Pompidou à Paris, il s'agit en fait d'une oeuvre évolutive puisque Chris Marker y travaille jusqu'en 1994, en ajoutant ou modifiant des vidéos (voir section "Filmographie").

Intitulée à l'origine Logiciel/Catacombes, Zapping Zone est l'installation la plus importante et volumineuse par la forme. Elle est composée de 13 moniteurs vidéos couleur, 7 programmes sur disquettes informatiques, 20 photographies noir et blanc et couleur, 4 planches de 80 diapositives et 1 maneki neko.
Elle préfigure d'une certaine manière le cédérom Immemory.



Crédits photographiques
:
© Christophe Chazalon
© Chris Marker

Plan de l'installation "imaginaire" ?

Photographies originales supprimées depuis

Dans sa description pour le catalogue de l'exposition, Raymond Bellour l'a définie avec justesse :

"Zapping Zone est une supérette, un mini BHV savamment désorganisé, où chacun peut sinon tout trouver selon ses besoins, au moins voir s'afficher quelques-uns de ses désirs."


Cette installation a été restaurée sous l'égide d'Etienne Sandrin et Paul Lafonta, et est encore régulièrement exposée dans différents musées et centres d'art de par le monde.

Dans le cadre du projet PAMAL (Preservation & Art – Media Archaeology Lab), les "archives numériques" de Zapping Zone ont connu une semaine d'analyse en vue de leur restauration par Sandrin, Lafonta et Morgane Stricot.
En octobre 2016, cette dernière donne un résumé des "Premiers résultats obtenus et perspectives" :

"Il s'est révélé que la plupart des disquettes n'ont pas de système intégré confirmant également l'hypothèse qu'il s'agit bien de disquettes de travail. En effet, les disquettes dites de "diffusion" sont, par exemple, formatées pour être amorçables. C'est-à-dire qu'elle permettent de démarrer l'ordinateur en copiant une partie du système d'exploitation et en créant un programme de lancement au niveau du BOOT. En collaboration avec M. Paul Lafonta nous avons pu installer certains des systèmes nécessaires à partir des disquettes amorçables (logiciels propriétaires d'origine ou disquettes-système utilisées par Chris Marker) pour lire un échantillon de disquettes des jeux de "travail".
La lecture de l'intégralité des disquettes permettra de retracer une chronologie des versions en croisant les contenus iconographiques avec le travail de Chris Marker et sa vie personnelle (qui sont souvent liés). Il s'agit de comprendre pourquoi les programmes de Zapping Zone  ont évolué à chaque exposition et les événements associés à la suppression/apparition/remplacement de programmes dans l’œuvre. Une documentation de l'environnement matériel de chaque zone et du fonctionnement des programmes associés à chaque version de Zapping Zone  paraît indispensable pour comprendre le contenu des disquettes et son accès. Ces disquettes étant des disquettes de travail, il est possible que parfois le cheminement au sein du programme ne soit pas celui présenté en exposition.
Ce travail de longue haleine permettra ensuite de créer une base de données visuelles et graphiques, permettant l'étude et l’exposition des conclusions faites en phase analytique.
Nos premières hypothèses, qui tendaient dans un premier temps à établir un lien entre l'évolution technologique et la disparition/apparition de certains programmes au sein de Zapping Zone, liées notamment à l'apparition/disparition de nouveaux logiciels de traitement d'image, n'est pas concluante. Cette semaine de travail sur le fonds permet déjà de voir que presque tous les programmes ont été créés avec Hyperstudio ou sont des programmes créés par Chris Marker avant Zapping Zone  (Dialector  écrit en 1985 par exemple). Il semble, et il ne s'agit là que d'une première analyse, que Zapping Zone  ait servi de vitrine à Chris Marker afin de montrer, à différentes périodes, ses créations. Une sorte de prétexte, un (in)mémorial de sa création informatique et cinématographique. Son intitulé d'origine : Logiciel/Catacombes, renforce cette impression.
Autre élément qu'il ne serait pas inintéressant de creuser, en lien avec cet intitulé, est le fait que Chris Marker utilisait délibérément du matériel informatique et médiatique obsolète au moment de la création de Zapping Zone. En 1990, lors de l'exposition Passages de l'image, le matériel, qui n'était déjà plus distribué en France, avait été prêté par Apple Computer.
Je finirai donc sur cette citation de Chris Marker dans son film consacré au cinéaste Alexandre Medvedkine "Regardez ce qui arrive aux dinosaures: les enfants les adorent !" (nous soulignons)." 

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Cartel développé - Centre Georges Pompidou (Christine Van Assche)
Zapping Zone (Proposals for an Imaginary Television), 1990 - 1994
Chris Marker

Installation multimédia
Edition 1/1 (Copie d'exposition)
13 moniteurs, 13 bandes vidéo, couleur, son (fr.), 7 ordinateurs, 7 programmes sur disquette informatique, 20 photographies noir et blanc et couleur, 4 planches de 80 diapositives, 1 Maneki Neko.
Production et Collection Centre Pompidou, MNAM, Service Nouveaux Médias (Christine Van Assche) , AM 1990-160.


Cette installation multimédia, composée d'une vingtaine d'écrans et d'un ensemble de photographies, occupe cette «Zone» où les modalités d'images et les sources se rencontrent : photo, cinéma, vidéo, banc-titre, animations, sons, et où le spectateur est invité à zapper d'un écran à l'autre, d'une image à une autre, à passer d'un souvenir à un autre.
Chris Marker propose aussi des passages entre des thèmes et des sujets qui font partie de sa mythologie personnelle : ses villes privilégiées (Berlin, San Francisco, Tokyo), ses amis artistes (Christo, Matta, Tarkovski), ses animaux favoris (chat, chouette, élephant), des extraits de ses films (Sans Soleil, Le Joli Mai, L'Héritage de la chouette…), des détournements de télévision (Détour Ceaucescu…), des photographies de ses voyages ou des collages.
Zapping Zone (Proposals for an Imaginary Television)  a été conçue pour l'exposition «Passages de l'image» au Centre Pompidou en 1990. Selon le titre, Marker propose ici, au Musée, un ensemble «hérissé dans tous les sens» d'œuvres audiovisuelles et informatiques ne trouvant pas leur place sur les chaînes de télévision. Le concept de «zone» est tiré entre autres du célèbre film Stalker  d'Andreï Tarkovski. Marker écrira à propos de cette installation : […] «Ceux, dont je suis, qui pratiquent l'informatique naïve comme il y a des peintres naïfs, se contenteront de montrer des images, et quand leur naïveté aura parcouru plusieurs chemins (photos, collages, calligrammes, films, avant d'arriver à l'ordinateur), ils se risqueront à montrer quelques stations de leur itinéraire».

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Bibliographie

  • (FR) Raymond BELLOUR / Catherine DAVID / Christine Van Assche (dir.), Passages de l'image, Paris : Editions du Centre G. Pompidou, 09/1990,:
  1. Jean-François CHEVRIER / Catherine DAVID, "Actualité de l'image", p. 17-33 ; traduction: (GB) in R. BELLOUR / C. DAVID / C. Van Assche, Passages de l'image, Barcelone : Fundacio Caixa de Pensions, 1991, p. 26-47
  2. Christine Van Assche, "De l'apport du vidéographique",  p. 71-76 ; traduction: (GB) in R. BELLOUR / C. DAVID / C. Van Assche, Passages de l'image, Barcelone : Fundacio Caixa de Pensions, 1991, p. 96-101
  3. Raymond BELLOUR, "Eloge en si mineur (Zapping Zone, 1990), p. 169-171; traduction: (GB) in R. BELLOUR / C. DAVID / C. Van Assche, Passages de l'image, Barcelone : Fundacio Caixa de Pensions, 1991, p. 190-194; (DE) "Eloge in h-moll : Zapping zone", in Birgit KÄMPER / Thomas TODE (Hg.), Chris Marker - Filmessayist, Munich : Institut Français / CICIM, 1997, p. 129-134
  • (FR) Thierry JOUSSE, "Au pays des hybrides", Cahiers du cinéma, n° 435 (09/1990), p. n/a
  • (FR) Jean-Michel FRODON, "Le miroir aux images", Le monde, n° n/a (24/09/1990), p. n/a
  • (FR) François JONQUET, "Beaubourg, Zapping Zone", Le quotidien, n/a (25/09/1990), p. n/a
  • (FR) Christine Van Assche, "Zapping Zone (Proposals for an imaginary Television), 1990-1992", in Christine van ASSCHE, Vidéo et après. La collection vidéo du Musée National d'Art Moderne, Paris : Centre G. Pompidou - Carré, 1992, p. n/a ; traduction : (DE) in Birgit KAMPER et Thomas TODE (Hg.), Chris Marker - Filmessayist, Munich : Institut Français / CICIM, 1997, p. 308-309
  • (ES) Mikel OTXOTEKO, "Política de los recuerdos y los olvidos. Zapping Zone una instalación de Chris Marker", Calle 14 : revista de investigación en el campo del arte, vol. 11, n° 19 (05-08/2016), p. 114-125  (web)
  • (FR) Christine Van Assche, "Zapping zone (proposals for an imaginary television), les métissages des genres", in Ramond BELLOUR / Jean-Michel FRODON / Christine Van Assche (dir.), Chris Marker  (cat. expo. Chris Marker, les 7 vies d'un cinéaste, Cinémathèque française, 03/05-29/07/2018), Paris : La Cinémathèque française, 05/2018, p. 330-336

(photo tirée de Passage de l'image)

Airs de Paris (2007) Paris: Editions de Centre Pompidou, 2007, 352 p.

L'installation Zapping Zone est évoquée dans un catalogue reprenant des expositions du Centre Pompidou.Sur 4 pages un court texte accompagné de 5 photographies.

Passages de l'image